Catégorie : à l’écrit

  • Je te défie

    Je te défie

    Nous reprendrons les mots dorés
    transmis sur un pauvre mouchoir
    alors
    le silence et les secrets
    Il faudra aiguiser notre oreille
    vers la poésie
    en véritable menace de l’ordre établi
    qui de vous ou de nous
    est le fleuve souterrain
    ils haïssent les camarades
    ils l’ont toujours fait
    main dans la main
    les droites lignes
    et les extrêmes penseurs
    installés dans des fauteuils rouges
    nous font la leçon des couleurs

    Ah oui,
    je ne crois pas aux poètes d’extrême-droite.
    Ils sont nuls
    il faut avoir du cœur
    Mais je suis prête au combat avec quiconque
    pour le prouver
    eux n’aiment que
    dans la langue
    les grands mots
    la lettre-haine
    profiter du prix du timbre
    et la ponctuation

    mymytchell, 30 mars 2023

  • Je n’suis pas sûre

    J’n’suis pas sûre qu’on se passera un jour du ciel,
    je n’suis pas sûre que ce qu’ils disent soit essentiel
    Une chose est sûre c’est qu’ils font pour l’instant audience,
    et toi ma belle ce qui te fait mal au ventre, c’est ton intelligence
    Je n’suis pas sûre.
    Que ce soit si évident
    je n’suis pas sûre
    que la fin est proche à présent
    Je n’suis pas sûre
    que ce soit si intéressant
    eux, là ; partout tout le temps
    Je n’suis pas sûre qu’on y courra tous acharnés
    Je n’suis pas sûre que leur monde on puisse proposer plus désincarné
    Une chose est sûre, c’est qu’on s’fatigue de tout ça
    et là ma grande, ce qui t’fait l’eczema, c’est qu’on ne te fout pas la paix avec ça
    Je n’suis pas sûre,
    qu’on n’écrira plus de lettre de désertion au président
    j n’suis pas sûre que jamais ne vous détrôneront nos enfants
    je n’suis pas sûre même
    qu’ils ne vous arracheront pas les dents
    on ne maîtrise plus rien, tout part a volo dans l’éducation
    j’nsuis pas sûre que tous les lycéens ne vont pas se venger
    j’n’suis pas sûre de c’qu’invente la patience d’un prisonnier
    j’ n’suis pas sûre qu’aucune massue n’ira se loger
    dans vos trois quatre crânes
    qui de l’espèce humaine se revendiquent d’être le reflet
    Mais
    si la peur vous vient
    arrêtez-vous dès maintenant
    car vous n’avez aucune idée,
    de ce qui se trame sous vos pieds

  • j’irai boire un café chez toi

    Un jour quand le monde s’arrêtera, j’irai boire un café chez toi ahah
    Mais là pour l’instant quj’ai pas l’temps, j’ai pas le temps
    mais j’le prend – rai !
    Un jour quand le monde s’arrêtera, j’irai boire un café chez toi ahah
    mais là pour l’instant j’ai pas le temps, mais j’le prend – drai !
    Et j’embarquerais toute la rue avec moi si ça te va
    On s’mettra à bloquer la grande route, juste parce que y’a trop dbises à donner
    on verra que les passants sont tou-te-s, intéressant-e-s à regarder
    On s’dira qu’on a la flemme de faire les courses
    mais qu’on s’invitera à déjeuner
    toute façon, sans métro tout le reste est trop loin
    donc autant rester dans le quartier
    Un jour quand le monde s’arrêtera, j’irai boire un café chez toi ahah
    Mais là pour l’instant j’ai pas le temps, mais j’le prends-drai !
    Mais là c’est la misère, j’ai oublié mon chargeur chez moi
    On s’mettra à d’parler de je n’sais quoi
    et les arrêts de bus deviendront des bancs
    où tout plein d’vieux et vieilles ères
    à la patience légendaire
    nous diront qu’eux ont le temps
    On se parlera de tout ce qui a changé
    entre aujourd’hui et hier
    pour s’rendre compte qu’au hasard des passions
    c’est si beau de s’mélanger entre jeunes et vieux cons
    Un jour quand le monde s’arrêtera, j’irai boire un café chez toi ahah

  • La valse à mille contretemps

    Je crois qu’il n’y a plus rien à dire
    la discussion doit s’arrêter là
    je ne me tuerai pas à te prouver à toi
    que nous sommes bien égales à toi
    Juchés sur notre piedestal, on se croit capable de juger, on a inventé le mot normal avec tous ses p’tits dérivés, « normalement » « la norme sociale » et « l’hétéronormativité », la mise au point doit être globale il n’y a pas de « minorités ».
    Qui pense que blanc est plus que noir
    qui pense que il est plus que elle
    que il et il font elles
    et qu’un enfant ça n’s’invente pas ?
    Qui pense que leurs familles sont belles ?
    qu’il vaut mieux mourir moche que belle
    et que toutes sont criminelles, celles qui choisissent c’qu’elles ne veulent pas.
    (Ad. Lib.) autrement dit « à volonté ».

  • A quand nos filles ?

    A quand nos filles entendront-elles « qu’elles »
    ne sont pas « ils » ? qu’à cela ne tienne, conjuguez bien vos verbes
    vos pronoms personnels qui ne reflètent que vous
    et dans le monde ne se libèrent que des gens tels que vous
    dans vos mathématiques les inconnus des équations c’est nous
    Pensez-vous qu’un seul lopin de terre ne se soit libéré sans qu’un frère
    n’ait eu la pensée d’une sœur à ses côtés
    votre monde idéal n’est qu’un bijou volé
    sur vos couronnez, leurs mains ensanglantés d’alliances sordides
    et de produits pour repasser
    Mais moi j’déteste repasser,
    et elle déteste se marier
    lui n’aime plus les filles
    elle ne croit pas en son dieu d’avant
    mais moi j’déteste avoir à vivre
    tous ces films qui ont oublié
    tout ce qui n’est pas blanc, pas amaigri
    ou bien pas fan du prince charmant
    Mais merde c’est la vie, laissez là aller
    dans le fossé sans ses baskets avec un pantalon trop grand
    puisqu’elle a pris les armes
    au sud de l’Afrique
    à Londres
    au Rojava, il n’y a pas très longtemps
    crois-tu nous apprendre quelque chose
    maintenant qu’on connaît nos grand mamans
    et elles, tu nous les avais cachées, sans faire exprès
    ça commence tôt à reproduire les privilèges
    j’comprends que ça se garde au chaud
    le privilège de pouvoir dire…moi….sans trop se fatiguer
    de n’avoir pas à subir d’imaginer mourir
    un jour sous le soleil, le corps ensanglanté, car tu ne ressemblais pas à ce qu’il fallait
    Mais qui est responsable de tout ce merdier ? Y a-t-il quelqu’un sur qui tirer ?
    Faudrait que je bute mes amants, et serait-ce du terrorisme féministe ?
    Puisque même ce mot n’appartient plus aux forces de gauche
    (qui font beaucoup moins peur qu’avant)
    il n’y a que les réactionnaires qui peuvent se targuer de faire parler la population
    Il n’empêche que moi, dans tout ce merdier, je déteste repasser !
    et elle détesterait se marier
    lui n’aime plus les filles
    elle ne croit pas en son dieu d’avant
    mais moi je déteste avoir à vivre
    tous ces films qui ont oublié
    tout ce qui n’est pas blanc, pas amaigri
    ou bien pas fan du prince riche et charmant.

  • Les meufs

    On m’a raconté souvent l’histoire de cette colline
    de cet homme qui
    grimpe avec que le soleil décline
    de cette envie de
    liberté qu’une jolie demoiselle
    va faire échouer en coupant ses ailes
    La morale associée est horrible à entendre
    asseyez vous mesdames messieurs
    âmes sensibles, s’abstenir
    L’homme, lui, veut s’élever quand bon lui semble
    La femme elle est là, elle est là pour le retenir
    Et pendant que toi tu voles dans les airs
    nous on se débat dans cet imaginaire
    qui nous permet au mieux d’être des femmes libérées
    mais si fragiles, besoin de quelqu’un pour marcher
    Il n’y a que la femme biensûr
    qui gâche des grands hommes, le destin
    Mais qui tient, qui tient, qui tient, alors, la laisse dans la main
    Qui a inventé le mythe féminin
    et qui s’y plie chaque jour, essayant d’en être un
    Qui fait naître et très souvent allaite
    et qui met le monde en miettes
    Qui a les clefs du monde et fait n’importe quoi
    impose ses codes, ses normes, sa nature et ses lois
    impose des traumatismes
    qui en peu de temps, et sans conscience ne s’effaçeront pas
    culpa-bi-lise la femme qui de transmettre se doit
    aux enfants, et aux grands,
    qui ont besoin d’une maman
    Il est pour vous sûrement plus facile d’être un
    l’universel vous appartient
    masculin
    est le genre du neutre être humain
    Et la nature évidemment parle pour vous
    elle n’a rien demandé mais on lui attribue tout
    tout c’qu’on fait de débile
    toutes nos conclusions hâtives
    notre inanalyse de nos différences respectives
    traduites
    en inégalité c’est risible
    continuez à séparer des êtres indivisibles
    Et le grand prétexte naturel
    qui justifie un tel sort
    l’homme court plus vite et peut tenir un plus gros effort
    Mais si on abolit votre loi du plus fort
    l’argument
    l’argument n’a plus vraiment son pesant d’or

    Combien de fois avons-nous du écouter tous vos con-seils sur la féminité ?
    Moi je pensais que pour conseiller, fallait d’abord avoir connu le métier ?
    Combien de fois m’a-t-on fait remarquer, que je ne m’étais pas rasée ?
    Y-a-t-il vraiment une loi naturelle qui justifie le rasage des jambes et des aisselles ?
    À ce propos,
    en dehors de ça,
    est-ce ton corps ou est-ce à moi ?
    Puisque tu aimes les femmes, tu décrètes que tous sont à toi
    Et j’exècre le pseudo traumatisme,
    l’idée qu’on ne peut plus rien dire à cause du féminisme
    sans radicalité je précise et j’insiste, pour que dorénavant en entier on existe,
    messieurs, mesdames, les défenseurs du fossé qui nous sépare
    et qui nos corps, mélange de genre et de couleurs, s’accaparent
    que tant que vous penserez, que notre corps vous revient
    en effet, en effet, ne dites plus rien
    et Bravo vous avez créé des choses d’un pro-fond équilibre
    une femme libre est moins libre qu’un homme libre
    ce qui revient à la phrase universelle d’un autre : « tous les êtres humains sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres. »
    Hommes, vous avez vos héros, l’histoire est décrite par vos mots,
    nous nous avons nos égéries, dont de plus la plus connue, est barbie
    y’en a assez de penser que cette question est hors du temps,
    et que par exemple le sexisme est surtout musulman
    même la burka en iran, peut cacher des femmes plus libres, qu’on ne peut trouver
    dans ce vieux pays des fran-çais
    C’est par de nouvelles relations
    que nous pourrions tout renverser
    même ce temps qui nous prouve
    qu’on ne peut pas nier
    Notre égalité
    Mais voyez, voyez où elle en est

  • M’en voudrez-vous beaucoup ?

    M’en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde
    qui peut-être de leurs mots déviera un ptit peu ?
    Le monde change c’est facile, mais qu’avons-nous encore ?
    Pleurer c’est difficile, ça demande pleins d’efforts.
    Ça demande.. de s’ouvrir… aux lendemains plus beaux
    ça demande d’être institutrice, sans crayons et sans stylo
    La tête sous l’eau ce monde, ne sourie pas beaucoup
    moi j’aime pas le métro, j’trouve qu’on est trop en dessous,
    en dessous des gens qui s’traînent sur du bitume pas joli
    avec un style architectural qui n’vaut plus
    y’a pas que moi qui l’dit.
    Mémé, doit-on s’aimer, en pleine casse du travail ?
    Assumer ce qui fait qu’on rit encore quand l’printemps s’taille ?
    Non mais c’est quoi ces fous, qui rigolent, qui s’chamaillent ?
    On dirait bien qu’elles jouent, à faire comme si c’était pas grave..
    Peut-être, ne t’a-t-on pas dit, qu’effectivement l’heure est grave.
    Peut-être, ne t’a-t-on pas dit, qu’effectivement l’heure est grave.
    De surprises et d’amour, de joies et de folies,
    juste c’qu’il faut pour « Toujours » faudrait encore parler de Paris
    On fait des films d’amour, des films très très jolis
    on fait des films d’amour, des films très très jolis
    Mais qu’est-ce qu’elle n’a pas l’amoureuse ? Le chant d’tournesol est fait pour elle,
    le travail de l’agriculteur, de l’actrice et du conteur, des résistantes et des grévistes,
    et des ramasseuses de sel, et ça aussi c’est fait pour elle,
    et des tomates jaunes et rouges, qui depuis 92, ne sèchent plus au soleil.
    Mais qu’est-ce qu’il n’a pas l’amoureux ? Qui passe à peu près sur toutes les chaînes,
    quand c’est pas l’heure des flics, les seuls travailleurs qui en valent la peine,
    Mais qu’est-ce qu’ils veulent ces amoureuses ? Qui voudraient bien qu’le monde retarde
    juste pour elles, rien qu’pour eux, la nuit, où d’autres triment et taffent ou travaillent
    et manger des ptits déj pleins de miel, et des fruits qui n’sont même plus d’saison
    du sel, du poivre et d’la moutarde, qui n’est même plus faite à Dijon, qui n’est même plus faite à Dijon.
    J’vais remettre ma grand-mère sur la table, qu’aimait pas bien les rencontrer,
    ceux dont les idées assassinent, l’idée, que le bonheur est ouvrier.
    « Mais surtout, n’oublie pas de trouver les gens beaux. » ad vitam eternam.

  • Exigences

    La vie, voilà c’que j’attends d’elle avant d’la vivre
    Autre de me faire comprendre que je ne lirai pas tous les livres
    je ne suis pas sur terre pour rien y faire
    elle ne me prouvera pas le contraire
    j’exige d’elle de me faire rigoler
    j’exige de la même de me forcer à penser
    rester les pieds sur terre et la tête dans l’éternité
    avant de la commencer j’expose,
    les craintes d’une humanité,
    qui ne veut pas disparaître, et laisser place à une individue
    qui ne possède aucune colère
    sauf peut-être quand elle est cocue
    Aimez si ça vous chante, moi je chanterai toujours l’amour
    Riez, si c’est ainsi que nous fabriquerons les beaux jours
    Je pars à la croisade contre l’absurdité
    rejoins mes camarades dans cette lutte inachevée
    Je veux m’ennuyer et perdre mon temps
    je veux dépenser mon argent
    j’aimerais le mot travail car il sera le mien
    je n’parlerais pas d’bétail pour genre humain
    je veux l’habit mais pas le moine
    les pays mais pas les douanes
    je veux l’explosion vitale
    le souffle natale
    des vies anormales
    je veux les rides au coin des yeux
    l’identité dans les cheveux
    sourire farceur, regard vicieux, vaut mieux qu’aucune démonstration
    Préfère celui qui ose agir, plutôt que celui qui donne les leçons
    Préfère celui qui commet le péché, à celui qui dénonce le pếcheur,
    critique ceux qui n’ont aucune sensibilité,
    mais ne fais pas la guerre à nos graffeurs
    Aimez… Les beaux jours…
    Je veux bien aimer même si ça fait mal
    je veux bien vivre de toutes mes entrailles
    je veux bien admettre que le bonheur est éphèmère,
    que nous aurons tous notre lot de misère
    je veux l’eau pour raffraichir nos idées
    je veux le feu pour brûler leurs billets
    je veux la terre pour enterrer la détresse
    et le vent pour partager les richesses,
    Je veux la première pour le monde entier
    le deuxième pour anéantir les inégalités,
    la troisième libre et sauvage,
    et le quatrième pour animer notre rage.

  • I still hate Thatcher

    Ré / La / Sol

    Haïssant,
    Des mobiles conservateurs aux riches patrons d’Angleterre,
    criant aujourd’hui encore, « i still hate thatcher »
    Soyons même honnêtes, c’est la seule phrase qu’il connaît
    en anglais, il l’apprendrait même dans toutes les langues s’il pouvait

    le seul complot qu’existe, celui des riches pour le rester
    et ils peuvent bien être russes, ça n’est pas ça qui l’dérangerait
    pour dire en quelques mots
    qu’un riche, ça n’est toujours qu’un riche de trop

    Il a dans le sang le vingtième siècle
    mais c’est le 21e qui compte
    il a dans le sang le 20e siècle
    mais c’est le 21e qui comptev

    Voir tomber un congélateur
    d’une fenêtre du cinquième
    et entendre le bruit des moteurs
    d’un atelier en bas de chez elle
    c’est bien connu qu’elle s’énerve
    tout en sortant les poubelles
    la société n’a pas d’espoir
    d’être belle sans être confliictuelle
    une banlieue rouge dans les paupières
    les jours, les mois, les mains ridées
    à travailler la colle qui nous sert
    à afficcher en l’air les idées
    faire des crêpes tout un week end
    pour un nombre de camarades illimité

    Il faut bien admettrre qu’avec elle
    qu’la politique n’a pas d’années
    devant l’école, où tous les parents se souviennent
    qu’elle les a à peu près tous gardés

    elle a dans le sang le vingtième siècle
    et voit même pas le 21e
    Elle a dans le sang le vingtième siècle et voit même pas l’vingtéunième

    Aucun état du monde n’empêche d’en faire ce qu’on en veut
    et la folie il vous l’assure, c’est de n’plus vouloir toucher à demain
    et que la vie soit plus belle,
    et qu’on puisse enfinn s’endormir
    sans être sommé par un réveil

    d’aller sauver le taux de profi
    Même s’il croit bien qu’dans son boulot
    s’engueuler a quelque chose de beau
    L’autorité lui rappelle
    qu’il faudrait pas lui en demander trop
    d’être contre le rire de ses collègues, des enfants et tous les prolos
    Si maintenant il sait qu’le réveil
    s’arrête dans quelques mois pour lui
    il sait plus s’il a les épaules de faire tout c’qu’il a fait d’sa vie

    Il a dans le sang le vingtième siècle,
    et sait plus bien où on en est
    il a dans le sang le vingtième siècle

    et n’sait pas où il est passé.