Auteur/autrice : Mymytchell Page 2 of 4

Demain dès minuit

Demain dès minuit

Mymytchell

Moi qui suis née le deuxième jour de la semaine sanglante,

des années plus tard,

demain j’en aurai trente.

Trente ans, serait la cime,

vue de l’un et l’autre du versant

Pourtant me dit-on que ma jeunesse ne me permet pas

de tout comprendre,

que si le travail blesse

c’est qu’il faut mieux l’apprendre

Avez-vous repéré que l’âge de la raison recule ?

Au point de nous laisser peut-être

entre l’âge des envies et l’âge des regrets

juste quelques secondes ?

Pour une communarde, trente ans

c’était inatteignable.

Demain j’aurai trente ans, n’a pas dit Mabanckou

Il a dit vingt, car l’âge prend aussi du recul suivant la densité

d’un coup d’histoire

Demain je serai mort,

n’a pas dit Hugo,

mais dont les obsèques ouvrières rappelleront tous ses mots

Je ne fêterai pas cet anniversaire,

c’est pas grave les ami-e-s

si ce n’est avec vous dans la distanciation sociale

nom qu’on pourrait revoir

Je ne fêterai pas ça, je fêterai autre chose

Je fêterai le vivant en chaque chose

C’est toujours aussi l’anniversaire d’un accouchement,

on l’oublie celui-là

Je fêterai la conquête des âges,

celle qui nous a fait dire que travailler

n’était pas toute notre vie

Je laisserai à mes 29 ans, les terreurs nocturnes

les bêtes humaines et les disjonctions,

je sauterai avec les combats continus

J’aurai 30 ans demain, oui

mais c’est grâce à l’idée de la joie

à l’idée même d’action.

Il n’y a pas de bel âge, il n’y a que la vie.

Moi qui suis née le deuxième jour de la semaine sanglante,

c’est d’elle que je vais dire un mot.

Je n’aurai plus peur de dire de la poésie

qu’on ne financera jamais,

bande d’assassins.

Car vous fédéré-e-s,

votre poésie a la couleur du sang

Vous êtes beaux pour toujours,

vous êtes belles, bon sang.

Vous n’auriez eu trente ans qu’au prix de vains efforts,

de genoux déboîtés et de monstres dans le sang.

Si vous aviez su que la marchandise allait s’étendre à l’air,

l’eau,

la moindre miette de vie,

Mais vous n’aviez même pas besoin du mot

capitalisme

pour vous affronter à lui.

Fêtons l’anniversaire, oui.

Fêtons l’anniversaire des armes à la main,

et du temps gagné

contre le travail de nuit

Fêtons ce qui ne s’éteindra jamais

car l’électricité n’est pas seule

énergie

Et si c’est de la république qu’il s’agit,

il n’y a pas d’âge pour cette hypocrite.

Car pour survivre,

la république ardente,

il y a 149 ans,

a massacré

ce qu’elle appellerait aujourd’hui,

des adolescent-e-s.

21 mai 2020

In-quiètude

In-quiétude.

Par Mymytchell

Imaginez un monde où le beau temps aurait disparu.

Une nature inquiétante sans solution, sans bleu

qui vient dissiper les malentendus.

Les éclairs seraient multiples, pas à un seul endroit.

Dans notre ciel, il y aurait un, deux, trois,

dix même, éclairs dans un même instant.

Tout le temps. Imaginez bien.

Puisque nous n’avons pas tous les mêmes cauchemars,

imaginez un monde où il faut beau tout le temps.

Mais il ne fait pas beau, il fait four.

La chaleur ne s’arrête plus, elle brûle,

et dehors n’existe plus

pour ses bienfaits.

On oublie que la terre a réussi à se défaire du ciel

en l’émasculant.

On oublie que c’est par la force d’une faucille,

du courage de ses habitant-e-s

de l’aide du temps

qu’elle a pu souffler

et voir apparaître au dessus d’elle une nouvelle couleur azur

qui a tant fait couler d’encre

aux poètes qui visiblement aiment surtout le bleu.

Cette nature serait la vôtre.

Elle serait la seule que vous pouvez offrir à vos enfants.

Les films qui montrent autre chose n’auraient plus le pouvoir d’apaiser

les longues soirées d’hiver et maintenant même les jours d’été.

Et si cette nature n’avait pas été la seule que vous connaissiez,

vous seriez capable d’imaginer fort ce qu’a pu être la nature.

Et vous le transmettriez à vos enfants.

Elle était changeante la nature, et en y repensant bien,

c’était cet imprévu qui vous plaisait.

Je sors, je sors pas, ahah, que d’aventures.

Et là devant cet enlisement de la nature en un seul état oppressif,

vous auriez peur.

Eux peut-être moins.

Mais vous auriez peur.

Vous auriez l’effroi que ça ne s’arrête jamais.

Vous auriez perdu les terrasses d’été,

les cigarettes sur les rochers pleins de mousses,

(ou le petit verre sur les rochers pleins de mousses

avec vos amitiés-là)

puis la nourriture,

l’eau douce,

le réseau,

puis les infrastructures,

le court, l’aérien, le léger

vous auriez le lourd, le bas, le dense.

Le bruit de l’eau serait devenu

la fureur des eaux jaunes et boueuses.

Vous auriez les pieds dans la boue pour avancer, le corps plein de boue, les photos pleines de boues, les vitres pleines de boues,

et vous perdriez même l’eau salée,

inaccessible, trop agitée.

Et vous seriez obligés par les éléments extérieurs,

de vous serrer aux autres.

Car la nature resserrerait l’espace de votre vie possible.

Tous les matins, vous auriez la surprise de voir disparaître encore

un banc de terre, de mer.

Et vous aviez déjà perdu le ciel.

Vous ne pourriez plus voir que ça,

fini le temps où on pouvait divaguer

où on pouvait croire ou pas

à la vie paisible,

adjectif du mot paix.

En fait, si c’était là, ça, tout ça,

on dirait « la fin du monde. »

Parce que ça s’observe la fin du monde.

Sinon, on n’en parlerait pas.

Parce que même si la vie continue,

puisque vous vivriez ce que ce poème raconte

vous considéreriez que c’est pas ça la vie.

Que c’est beaucoup plus que ça, la vie.

Que ça mérite des chants, des choses simples, de se foutre la paix,

d’engueuler ses enfants quand ils font des bêtises,

bêtises que seuls eux sont capables d’avoir trouvé intelligentes

Mais ça c’est encore autre chose.

Chose que vous n’auriez plus envie de voir.

Alors que vos enfants, à pleins dans cette nature,

ils n’auraient pas le loisir des bêtises,

et ils feraient que des choses intelligentes pour ne pas mourir.

De plus en plus, pour rester en vie.

Tout simplement pour rester en vie,

car au-delà, la nature gronde trop fort.

Alors, vous auriez naturellement un nouvel ennemi : la nature.

Il y a deux fins à ça.

Imaginez que c’est seulement vous,

à l’endroit où vous êtes,

que vous êtes enfermé dans cette nature.

Qu’elle est produite de toute pièce par des machines infernales.

Ou bien imaginez que ce soit partout,

et que ce soit la fin du monde.

Dans tous les cas,

Chère âme,

dans quel état seriez-vous ?

En Palestine, peut-être.

Dans tous les cas,

c’est ça,

qu’on fait vivre à Gaza.

Moi, on ne parle jamais de moi

Moi, on ne parle jamais de moi. (En cours d’enregistrement)

On m’a proposé
de faire ma guitare
de m’accompagner
de revoir mes gammes
de chanter moins vite
de coucher avec moi
de parler moins franc
de savoir qui je suis
et mes parents aussi
de réduire mon histoire
de booster mes mélodies
de définir mon style
et puis de tout changer peut-être
pour mieux réussir

Mais moi, on ne parle jamais de moi.
Jamais un avis qui soutient devant eux, toujours un peut-être devrais-tu.

Vous savez comme si les femmes, on ne devait surtout pas parler d’elles.
Ou pas trop vite
Vous voyez ce que je veux dire ?
Qu’elles se démerdent, qu’elles soient parfaites,
Et on en reparle

Je regarde un « collègue » chanteur
qui a sa bite et son couteau à chanter
qui parle encore des femmes comme de courbes
qu’il découvre dans l’obscurité
quelle poésie !
Qu’est-ce qu’on parle de lui !
Qui prend son violoncelle pour la femme de sa vie
qui chantonne l’essentiel
car l’essentiel c’est lui, la bohème
sa guitare pour repli
pour qui la liberté c’est une bière et un oiseau

Elle, on ne parle jamais d’elle
Jamais des choses qu’elle cherche
jamais un mot « je n’ai jamais rien entendu de pareil »
Jamais vous ne lui facilitez la tâche
à lui laisser la même place qu’à vous pendant des années
Il faut tout de suite que
plus elle est brillante
plus vous lui trouviez un coin d’ombre

Mais je devine quelque chose.
C’est que les femmes ne s’accaparent pas un milieu.
Elles traînent et écoutent le merle autant que la pie.
Les vagues autant que l’aube silencieuse
Les femmes elles se jettent dans les oursins
quand elle veulent se baigner
parce que personne ne leur a dit, on ne leur parle jamais
que pour leur dire qu’on veut coucher avec elles
Toujours la même rengaine
parce qu’elles sont enthousiastes
elles sont libres, elles veulent l’être
c’est une question de vie
bouleverser le langage
l’écoute qu’on a de lui
sans cesse

Je vis sans homme
qui me dit

Mais les hommes n’aiment pas
qu’il n’y ait pas d’hommes autour
je vous le dis

« Injustement méconnues ».

Queers, femmes, trans, ça manque de poésie pour vous ?
Vous riez des lettres que l’on entasse.
« Ça n’est pas gage de qualité. »
« Affaires de bonnes femmes » ou « bizarrerie »
vous proclamez l’égalité
bien trop vite

Un homme se plaint trop quand il n’est pas cité.
Il ne sait pas soutenir
dans l’obscurité.
ou seulement quand la femme l’a déjà convaincu.

En somme ?
Libérez la poésie
de ce qui vous conforte.
Ce n’est pas nous qui devons
c’est vous qui avez.

 

Mymytchell. 2021.

De la chanson engagée à la chanson ?

Dessin d’Huguette

  • CONCERTS CONFINES

Ce que nous vivons doit amener à reconstruire des ponts entre les arts et la politique.

On m’a souvent conseillé de ne pas afficher « chanson politique » car « ce n’est pas que ça. » On m’a conseillé chanson engagée ou chanson à textes.

Mais moi je ne vois plus que ça, je fais de la chanson politique. Au sens le plus noble du terme. Avec des collègues, ami.e.s et camarades.

Il faut que la poésie se décorsète de ce que l’on nomme les mots. Que la politique se décorsète de ce qu’on nomme les débats.

Que la musique se décorsète de ce qu’on appelle le style. Que le social se décorsète de ce qu’on appelle les réseaux.

 

On reviendra sur le devant de la scène ! Notre scène.

Avec Zeta, au studio Mysound (Montrabé)

 

Annulation des dates

La date aux Folles Saisons le 5 février 2021 est annulée.

Annulation des dates

Sont annulées/reportées :

Les dates de pré-présentation du spectacle sur la commune « Il faut venger Gervaise » (Novembre – ile de france)

La date du 28 Novembre au planning du lot

le travail continue…

 

 

Poésies

La bonne année

La petite porte rouge

In-quiètude

Demain dès minuit

Le Diesel et les étoiles (2021) publié sur le site ruedelacommune

Moi, on ne parle jamais de moi

In-quiétude

In-quiétude

Radio Octopus / Emission Un peu plus haut que le Bord

Un Concert-émission de radio public avec l’équipe de Un peu plus Haut Que Le Bord (Emission Radio Octopus – Tarn)

28 février !- Concert à Engomer (Ariège) – reporté du 10/01 au 28 /02 !

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