La bonne année

La bonne année ami-e-s, voisin-e-s
la bonne année
celle où on remarque qu’il reste du chemin

La bonne année,
la bonne année pour se dire
que les discours sans fin des dégénérés
n’ont et n’auront aucune prise
avec le réel bien plus sauvage, digne et décisionnaire
qu’on ne le dit

Des millénaires
que dessus l’on nous crie
que les égalitaristes sont des gens contre nature
que l’homme est un …
on a compris
nous sommes des peintres
d’autre chose que de nature morte

Planifions notre sortie
de tout ça
quelques années, quelques décennies
La bonne année pour planifier

La bonne année aussi pour comprendre
ça ça m’intéresse, ça je veux
ça je ne veux pas
la bonne année où on sait ce qu’on trie
et ce qu’on ne triera pas
L’année où on est fidèle à sa propre confusion
Je ne suis pas claire ? Tant pis
L’es-tu toi ?

ils nous ont volé carpe diem
dans la violence et la dérision
dans la jeunesse libérale qu’on nous impose
la bonne année pour fonder
à sa façon
carpe dies

L’année où on veut du monde autour
l’année des espoirs solides
l’année où on libère les soins intensifs
l’année où tu te décapsules
ou tu politises peut-être cette petite angoisse qui te guide ?

La bonne année pour que l’art rétablisse des équilibres
entre les auto-produits
les super-produits
la bonne année pour que cessent les musées
de la poésie,
au charbon !

La bonne année alors
pour que re-gouvernent les partageux du rythme quotidien
et de la palette devant le dépôt
l’année où on nuance la machine arrière
et socialise l’usage et l’invention
l’année où on prend un café sur les cimes
pourquoi pas
aussi nommées alpages, chaumes et estives
l’année où on ne désespère pas
l’année où le concept d’âge s’adoucit
l’année où on repense
à, et si
l’année où on fait résonner les semblables du monde
pour ce qu’illes disent différemment
l’année où ce monde, scientifique, pluriel
on le conjugue, on en mesure les vibrations
où on s’interroge sur le mot détail
où le sens de la fête revit
renaît
se réinvente peut-être
la bonne année pour courir
vers ce qui fait chemin pour tous
où on n’idolâtre pas le hors-piste
prétentieux

Et si c’est un peu trop un an de politique,
C’est la bonne année
pour
patiemment
se dire
en piste !

Mymytchell